Tana Toraja et Pays Bugis
Tana Toraja et Pays Bugis du 29 Juin au 3 Juillet 2008
Nous arrivons sans encombre à Makassar, capitale de Sulawesi Sud. Cette province des Célèbes regroupe entre autres ethnies les Bugis musulmans qui occupent l'Est et le Sud de l'île des Célèbes et les Torajas qui sont concentrés dans le nord montagneux de Sulawesi Sud, autour de la ville de Rantepao. Les Torajas sont en majorité protestants.
Nous avions pris contact de France avec l'agence Tari Travel basée à Makassar à qui nous avions demandé un circuit qui nous fasse découvrir le pays Toraja et Bugis ainsi que les moeurs et coutumes des habitants. Jacqueline nous a concocté un circuit regroupant la visite ainsi que la nuit chez l'habitant dans les villages.
Tout d'abord direction Rantepao. 328 petits kilomètres de Makassar mais ... 9h de route. Nous l'apprendrons très vite par la suite, les temps et distances en Indonésie ne se comptent pas de la même façon qu'ailleurs: la route entre Makassar et Rantepao est étroite, défoncée et tortueuse. Le paysage est néanmoins magnifique le long de la mer.
Maros: Nous faisons une halte de 4-5 heures aux alentours de Maros pas très loin de Makassar en compagnie de notre guide bugis Muchtar pour un mini-trek dans les rizières de la région Bugis. La maison bugis typique est sur pilotis. Elle est entourée de rizières et d'un point d'eau où les villageois peuvent pêcher. Un chef de village assure la communication entre les habitants et les autorités locales. Aucun touriste ici et les enfants intrigués nous suivent pieds nus en rigolant dans notre trek à travers les rizières. Une ado sort même pour nous prendre en photos, c'est le monde à l'envers ! Les rizières sont magnifiques et ça et là sont éparpillés quelques gros rochers. Le soleil est au zénith et il fait très chaud.
Petite halte dans une maison bugis pour un goûter fait de thé, pisang goreng et kue pisang. L'intérieur de la maison est dépouillé. Pas de chaises ni de table, les bugis s'assoient et mangent par terre. Les planches du sol de la cuisine sont disjointes, ainsi les grains de riz qui tombent lors de la préparation de la cuisine sont mangés par les poules en dessous de la maison. La famille qui nous accueille est souriante et on baragouine tant bien que mal quelques mots de bahasa indonesia. Quand je prend une photo ils prennent leur pose "sérieuse". Dès que la photo est prise, ils recommencent à rigoler !
Encore un peu de balade dans les rizières pour atteindre la caverne préhistorique de Maros où on peut y admirer des empreintes millénaires de mains dans les rochers puis retour beaucoup moins fatigant que l'aller dans des pirogues. Nous nous séparons ici de Muchtar et reprenons notre route vers Rantepao en compagnie de Mahmoud le chauffeur.
Arrivée à l'hôtel Indra I à Rantepao à 21h où nous attend Youssouf, notre guide Toraja des 3 prochains jours pour discuter du programme. Après ça dodo car on est crevés et de rudes journées nous attendent !
Le lendemain matin nous visitons les villages de Lemo, Londa et Kete Kesu, au sud de Rantepao. Ces villages ont pour point commun d'être particulièrement macabres. Chez les Torajas Les morts ne sont pas enterrés sous terre mais dans des cavités creusés dans la roche ou dans des cavernes. Les tau tau, marionnettes à l'effigie du mort, sont érigées à côté de ces cavités pour protéger la famille. Au fil des ans régulièrement des cercueils perchés de façon précaire chutent... comme en attestent les nombreux ossements éparpillés.
Très belles et très anciennes maisons toraja tongkonan en forme de coques de bateaux.
Chez les Torajas la mort n'est que le prolongement de la vie. D'ailleurs ils passent leur vie à préparer leur mort et accumuler des biens pour que le temps venu la famille organise de grandes funérailles. Le mort pourra ainsi prendre place dans l'au-delà parmi les ancêtres de sa caste. Le mort est tout d'abord lavé puis embaumé et gardé dans la maison jusqu'à ce que les funérailles soient organisées. Il peut se passer des années avant les funérailles n'aient lieu, celles-ci coûtant très cher, il faut en plus choisir le bon moment pour que toute la famille du reste de l'Indonésie et d'ailleurs puisse se déplacer. C'est pour cela que les cérémonies ont surtout lieu en Juin-Juillet pendant les vacances.
Lors de ces funérailles des buffles et des cochons noirs sont sacrifiés, égorgés devant l'assistance, âmes sensibles s'abstenir. Le buffle est considéré comme un passeur des âmes, c'est lui qui va accompagner le mort dans son voyage vers l'au-delà. Suivant l'importance et la richesse de la famille plus d'une centaine de buffles peuvent être sacrifiés ! Il n'y a à présent pas assez de buffles en Sulawesi et ils sont souvent importés du reste de l'Indonésie. Le buffle est acheté quelques mois avant les funérailles et véritablement gavé 24h/24.
Dans les funérailles où nous assistons, la morte avait 105 ans, 11 enfants et une centaine de petits enfants. L'ambiance est gaie, les funérailles se font dans la joie. Nous donnons à la famille notre offrande: cigarettes. Ici tous les hommes fument, on n'est pas un homme si on ne fume pas. Par contre une femme qui fume est une femme de mauvaise vie...
La famille porte ce jour ses costumes traditionnels.
Nous partons ensuite vers Randanbatu chez la famille Toraja où l'on va passer la nuit. Notre hôtesse nous a préparé des plats typiquement Toraja, comme le pa'piong, riz, chair de coco et poulet cuit dans un bambou. Nous terminerons notre repas avec du tuak, vin de palme récolté 2 fois par jour et naturellement fermenté sur l'arbre.
Nous dormons dans une maison tongkonan magnifique. Elle abrite 2 petites chambres. Pas de salle de bains dans la maison comme il est normal en Indonésie. On se lave dans un un abri dans le jardin à l'aide d'une bassine d'eau et en compagnie de charmantes petites araignées velues. Damien a horreur de l'eau froide mais il oublie vite en compagnie de ses nouvelles copines à 8 pattes. Les WC sont à la turc.
Petit déj au nasi goreng puis départ vers le nord de Rantepao pour découvrir le village de Nanggala et ses milliers de chauve-souris. L'ancien chef de ce village est mort voici 15 ans et attend toujours ses funérailles qui auront lieu en Octobre. Elles promettent d'être grandioses. Ensuite trek autour de Batutumonga où nous assistons à une belle averse tropicale. Les rizières sont magnifiques.
Nuit dans une maison au nord de Rantepao. Youssouf nous fait à manger de délicieuses grillades de porc mariné.
Pour la dernière matinée à Tana Toraja nous allons au marché de Makalé. Nous sommes ralentis sur la route par un "convoi exceptionnel" de camions transportant pas moins de 65 buffles en prévision de funérailles qui auront lieu aujourd'hui.
En route vers le lac Tempe en pays bugis musulman. C'est un lac qui abrite des mini villages. Toute la vie s'organise autour de l'eau. Il y a des maisons flottantes et des maisons sur pilotis, des mosquées, ... Petite halte dans un maison flottante pour manger des pisang goreng.
Nous passerons la nuit dans la ville de Soppeng chez notre guide bugis Muchtar avant de regagner l'aéroport le lendemain pour s'envoler vers Bali. Réveil matinal avec l'appel de la mosquée à 4h du matin. Petite halte sur le chemin vers les cascades de Batimurung où des familles viennent pour prendre le frais et pique-niquer.
Nous arrivons en avance à l'aéroport, juste le temps de faire une séance de réflexologie, c'est un massage (très) musclé des pieds et qui relaxe (enfin quand ça s'arrête).
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Côté pratique
* TariTravel
* Que rapporter de Tana Toraja ? Du très bon café dans la région, des ikats, du bois sculpté aux motifs traditionnels...